fils de berger
diplôme : néant
distinctions honorifiques : néant
références particulières : néant
"Tout le visible tient à l'invisible l'audible à l'inaudible Le tangible à l'intangible et peut-être le pensable à l'impensable"
~
Georges-Armand FAVAUDON
Atelier de la Presle
08320 Aubrives
::: 03.24.41.68.16 :::
e-m@il Georges.favaudon@free.fr
" La nuit remue "
Plaçons sous cet exergue volé au poète Henri Michaux
l'uvre peinte de G.A. Favaudon. Il ne la résume pas ni ne
la décrit. Il suggère le lieu de sa parution : nuit du tohu-bohu
originel, nuit de la genèse, des enfantements, nuit pleine, grouillante,
nuit des sorcières et des enfants, des âmes mortes, nuit
de l'être que le temps corrompt, matrices des apparitions, La nuit
donc. Qui broie et décante. Noirceur vibrante d'où émergent
les images.
Chaque toile est un filet que cette nuit a traversé, caresse ou
meurtrissure. Est l'empreinte d'un passage où la chose qui l'habite
a saigné, accouché, hurlé, a joui. Et parfois n'a
cédé que la géométrie d'une invagination labyrinthique
et froide ; le fantôme de sa douleur ; et parfois la réminiscence
d'une disparition, le rêve d'un endeuillé.
Dans le monde sylvestre où cette uvre a son repaire Diane
est un nom pour cette chose et l'uvre un piège pour sa nudité.
Actéon alors est devenu peintre. S'il se métamorphose et
se donne en pâture c'est dans la bête peinte, humaine qui
nous regarde. Aussi, chaque toile est un masque arraché au visage
impossible, dépouillé de beauté, absente qui nous
dévisage.
S'il est en effet une constante, dans cette uvre si diverse qu'elle
paraît livrer à l'examen inattentif une collection de singularités,
c'est la présence obsédante, maniaque, du visage, et dans
le visage son foyer : le regard. Peut-être le signataire de l'uvre,
son messager accueillant, reprendrait-il à son compte ces propos
d'Alberto Giacometti : " On a la volonté de sculpter un vivant,
mais dans le vivant, c'est son regard... tout le reste est le support
du regard ".
Ce support est ici attribuable à un épicurien mélancolique
qui nous convie aux fastes décadents de la peinture à l'huile.
Le vouloir alors s'exerce, la maîtrise, le métier, l'humeur,
tout ce que le Moi peut revendiquer et qui nous comble. Mais ce n'est
pas le Moi qui crée, il est le mandataire élu du génie
anonyme qu'éveille le noyau irradiant de la nuit.
F.D